L’artiste Alioune Badara Fall est né au Sénégal à Dakar en 1946. Il appartient à cette première génération ayant connu les Indépendances de l’Afrique de l’Ouest.
Son goût pour la peinture s’est affirmé sur le tard. Sa pratique picturale se poursuit toujours aux ateliers des Beaux Arts de la ville de Paris.
Il se veut le témoin d’un monde empreint de traditions, et qui disparaît lentement, grignoté par une lente uniformisation.
Il veut transmettre aux plus jeunes ce qu’il a pu voir de ceux qui seront oubliés et invisibles dans l’histoire de son pays natal.
Outre un hommage, à l’occasion du centenaire de la fin de la première guerre mondiale, aux tirailleurs sénégalais oubliés de l’histoire de France, dans la même veine, sa peinture souligne la place essentielle de la femme sénégalaise au quotidien dans l’économie familiale informelle non reconnue. Que cette femme soit épouse de pêcheur, d’agriculteur ou qu’elle soit vendeuse au marché.
Fall partage son temps entre Paris et les alentours de Dakar. Son travail est axé sur le mouvement et la couleur. Le corps n’est jamais en repos. La distinction entre les couleurs sombres et les couleurs éclairées dans l’environnement illustre là, l’hypothèse émise par le linguiste Anna Wierzbicka, que la couleur n’est pas un concept universel, et que c’est voir qui est le concept proche de l’universel où la référence principale est l’importance de l’environnement. C’est à dire, tout ce que les hommes peuvent voir: le ciel souvent bleu, la terre souvent marron, le soleil souvent jaune et brillant …Référence que Fall fait sienne dans ses représentations picturales.
(A. Wierzbicka, Semantics: primes and universals, Oxford université. 1996)